Planète Paix – article du mois

Article extrait de la revue Planète Paix, N° 682 de mai 2023. S’abonner à la revue « Planète Paix ».

NON À UNE ÉCONOMIE DE GUERRE
Oui à une économie de paix

Face aux défis existentiels auxquels le monde est confronté, l’économie de guerre n’est pas la solution, l’économie pour la paix est une nécessité : d’où l’importance des mobilisations contre la Loi de Programmation Militaire – LPM – discutée à l’Assemblée nationale en mai et juin.

En septembre 2022, le Secrétaire Général de l’ONU a déclaré : « notre monde est au plus mal. Les clivages s’accentuent. Les inégalités se creusent. Les difficultés s’étendent. La charte des Nations Unies et les idéaux qu’elle porte sont en péril ». En 2019 pour la journée internationale de la Paix, il déclarait « l’urgence climatique mondiale menace la sécurité et la stabilité du monde ».

Une bataille idéologique
Les défis économiques, sociaux, écologiques auxquels nous sommes confrontés nourrissent des inquiétudes et des peurs. Ils génèrent une bataille idéologique visant à faire accepter par les peuples, ou à leur imposer, des logiques de militarisation des sociétés et des relations internationales contraire à leurs aspirations et sources d’insécurité. Ces logiques ont généré une augmentation considérable des dépenses mondiales d’armement de 1000 milliards de dollars en 2000 à 2240 milliards en 2022 (d’après les sources du SIPRI 2022).
Dés sa création en 1919, l’Organisation Internationale du Travail (OIT), indiquait dans son préambule « une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale ». L’analyse montre que les conflictualités résident dans une insécurité généralisée (sociale, économique, alimentaire, sanitaire, climatique), des situations de faiblesse des sociétés et des économies face à une mondialisation largement contrôlée par des multinationales plus puissantes que certains États. L’insécurité climatique menace 34% des terres de la planète et 2 milliards d’habitants (Convention des Nations Unies de Lutte contre la Désertification (CNULD). Au plan mondial, le nombre de victimes des dérèglements climatiques s’évalue à 8 millions d’êtres humains par an contre 10 000 et 40 000 personnes pour les actes terroristes ( CF document au format de Bertrand Badie). Dans ce contexte, il est clair que les armes ne sont pas la solution.

Non à la Loi de Programmation Militaire
En France, le Président de la République entend engager le pays dans une économie de guerre. Il a déclaré sa volonté que « la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2024-2030 traduise des efforts considérables … qui nous obligent pour des décennies … car nous ne devons jamais être en retard d’une guerre, mais nous devons avoir une guerre d’avance » . Il propose une LPM de 413 milliards d’euros (plus 40 % par rapport à la dernière loi), dont 60 milliards pour les armes nucléaires en violation du Traité de Non-Prolifération (TNP) et en contradiction avec le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN).

Favoriser des logiques de coopération
Une économie pour la paix doit s’envisager dans le cadre d’un projet de civilisation dont la paix est un objectif affirmé et qui s’attaque aux causes économiques, sociales, démographiques, géographiques, politiques, historiques, idéologiques et culturelles des conflits et des guerres. Le but est d’accroître le bien être des gens en mobilisant les intelligences humaines au bénéfice de tous, en favorisant des logiques de coopérations plutôt que des logiques de domination, d’accaparement et d’enrichissement.
La paix se construit à travers la réalisation des droits humains, tant économiques que sociaux et l’octroi des moyens très importants en faveur du bien-être humain et de la paix qui peuvent être qualifiés de biens communs de l’humanité. Des résultats ont été obtenus, mais beaucoup reste à faire. Les mobilisations en cours en France durant la discussion à l’Assemblée nationale en mai et juin de la loi de programmation militaire sont un moyen de faire avancer dans la société et auprès des élus la nécessité d’une économie pour la paix indispensable pour construire ensemble un futur de paix, de justice sociale et climatique, d’amitié entre les peuples.

Roland Nivet