Notre ami Adolphe BARNEOUD nous a quittés ce samedi 18 janvier 2025, il allait avoir 92 ans. C’est avec émotion que nous avons appris cette triste nouvelle.
Dodo, c’était son surnom, fut un compagnon de lutte, un militant infatigable de la paix, de la justice, de la solidarité.
Originaire des Baronnies provençales, la répression du maquis, le bombardement de Séderon, la bombe atomique marquèrent l’engagement de toute sa vie du sceau du pacifisme.
Mais c’est à Orange, qu’il deviendra, il y a plus de 60 ans un citoyen politique, syndical, mutualiste, pacifiste affirmé.
Des responsabilités au sein du Parti Communiste, élu avec les maires Louis Giorgi et Gilbert Ricci, entre 1977 et 1983, il fut Adjoint au personnel et à la communication.
Par la suite, investi dans le mouvement mutualiste il devint le président de la Mutuelle d’Orange et sa région en 1993 puis de la Mutuelle Générale d’Avignon, en 2009 avec d’autres responsabilités pour promouvoir des établissements de santé mutualistes.
Il fut jusqu’à ces derniers jours le trésorier de sa section du Mouvement de la Paix « PAX RHONA », il fut de toutes les manifestations contre la réforme des retraites, et jusqu’en novembre dernier, il a participé à toutes les manifestations pour un Cessez le feu à Gaza.
Doyen de la liste Décidons Orange Solidaire et Écologique aux dernières élections municipales, il avait étonné ses colistiers par son engagement sur le terrain d’une incroyable vitalité et son enthousiasme.
Toutes celles et tous ceux qui l’ont connu retiennent de lui l’homme infatigable, disponible, tolérant, plein de conviction, parfois têtu et exigeant mais toujours paisible, pédagogue avec les plus jeunes, plein de bienveillance et de fraternité.
Hommage à Adolphe BARNEOUD à Orange le 25 janvier
Le Parti Communiste Français, La Mutuelle Générale d’Avignon, le Mouvement de la Paix lui ont rendu un hommage public le samedi 25 janvier 2025.
La Maison du Citoyen d’Orange porte désormais le nom de Adolphe Barnéoud.
Une plaque a été posée.
Dodo,
Tu es parti, nous sommes orphelins de toi. Nous t’avons pleuré, nous te pleurerons encore. C’est dur de te perdre …
Tu nous laisses cependant un bel héritage de souvenirs, … souvenir de l’homme exemplaire et bon que tu étais, à notre écoute, toujours bienveillant, patient….
Un des plus beaux cadeaux que tu nous laisses, est la compréhension, … puis la conviction, pour beaucoup d’entre nous, qu’il n’y a pour le monde d’autre avenir que la Paix … ou l’anéantissement.
Ton parcours de pacifiste a débuté alors que tu n’avais que 3 ans (donc en 1936) quand ta mère te montrait le Monuments aux morts de Mévouillon, ton village, où étaient gravés le nom de ses deux frères. Mévouillon est une petite commune de 300 habitants en Drôme provençale, 29 noms figurent sur ce monument aux morts (1 dixième de la population achevée dans la guerre!).
Enfant encore, tu as vu tes deux frères plus âgés que toi travailler le jour à la ferme et partir le soir dormir dans les bois pour échapper aux nazis. L’un, Elie, était déserteur de la Marine Nationale à Toulon et l’autre, Cyprien, était recherché pour partir en Allemagne au STO (Service du Travail Obligatoire).
Deux résistants … deux résistants que j’ai plaisir à évoquer ici parce que tu les aimais beaucoup. Mais toi aussi quelques années plus tard tu t’es débrouillé pour ne pas embarquer à Marseille, tu as refusé d’aller – comme ils disaient- « casser de l’Arabe » en Algérie.
De même au lendemain des bombardements d’Hiroshima et Nagazaki, tu as participé à la mobilisation pour l’Appel de Stokholm contre les armes nucléaires en 1950. Aujourd’hui, c’est avec toi, que notre Comité du Mouvement de la Paix, poursuit ce combat singulier pour une Paix mondiale durable…
Tu as été de tous nos rassemblements récents pour demander la Paix en Palestine, en Ukraine mais aussi la fin de tous les conflits sanglants d’aujourd’hui ( il y en a plus de 50 … qui le sait vraiment ?) . Ton trait singulier, ce que nous retenons de toi, c’est que jusqu’au dernier moment tu t’es mobilisé pour un monde meilleur, antiraciste, anticolonial, pour la Paix. Fidèle à ton combat, tu étais de tous les rassemblements, de toutes les manifestations avec tes pancartes, ton drapeau, tu faisais l’homme sandwich pour que tout le monde te repère, tout le monde puisse lire un de tes message favori, enseigné par Yves Farge « Il vaut mieux entendre derrière soi le rire des sots que les pleurs des veuves ». Ta fidélité au combat contre les injustices, pour la Paix entre les hommes est un exemple, nous le poursuivrons.
Cher Dodo, nous sommes nombreux à pleurer ton départ, là par contre tu fus si discret. Beaucoup d’entre nous n’ont pu te serrer une dernière fois, vivant, dans nos bras, moi la première.
Cependant personne ne peut nous enlever cet héritage d’amour humaniste que nous avons partagé avec toi. Tu as voulu donner ton corps à la science … je me souviens, tu me disais « Petit, j’ai gardé la vache et le mouton, j’ai appris à l’école mais je n’ai jamais pu entrer à la faculté. J’y rentrerai coûte que coûte, à la Faculté de Médecine. Et là les étudiants pourront voir ce que la faculté aura choisi de m’emprunter pour leur montrer, en cours de biologie, comment est fait un être humain ! ».
Adieu Dodo.
Quand tes cendres auront été dispersées au Jardin du Souvenir à Montpellier, nous irons te faire des petits coucous à l’ombre des arbres parmi les fleurs du jardin.
Anne-Marie,
lu à Orange le 25 janvier 2025, en hommage à Dodo Barnéoud, mon ami, décédé.