Le silence sur la situation des Kurdes

Un cri de colère contre les violences exercées contre les Kurdes à tout niveau et dans plusieurs pays. Violences passées sous silence. Une Kurde vivant en France dévoile les extraditions illégales de Kurdes de France vers la Turquie avec la complaisance du gouvernement français.

Actuellement il y a une politique de violence générale envers les Kurdes, et cela dans les quatre pays du Kurdistan écartelé, à savoir l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Turquie mais aussi en Europe et notamment en France.

Silence assourdissant
Pendant que la Turquie réalise des ethnocides, des terricides (destruction des éco-systèmes), des crimes contre l’humanité en visant les civils, l’opinion publique internationale détourne totalement les yeux. L’Iran exécute tous les jours des Kurdes, l’Irak passe des accords avec la Turquie pour mieux massacrer les cœurs et c’est le silence radio.

La Turquie commet des actes de violence, comme des assassinats ciblés, avec les armes de l’OTAN. Celles et ceux qui, hier, ont mené une bataille acharnée contre les salafistes, les djihadistes de Daesh et les autres groupes terroristes, sont aujourd’hui, de nouveau, non seulement déconsidérés, mais traînés en Europe et ailleurs devant les tribunaux. Ils sont accusés d’appartenance, de proximité ou de financement à l’organisation soi-disant terroriste, le Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK. Il n’est plus temps de prendre les mots avec des pincettes, de trouver des termes pouvant plaire aux politiques et à ceux qui nous criminalisent. Il est réellement insupportable de constater que les Kurdes qui luttent pour leur dignité, pour leur terre et pour le droit de parler leur langue, sont, encore une fois, « bradés » pour les intérêts de tous.

Extradition de Kurdes
Il est inconcevable que des dizaines de Kurdes se voient retirer leur titre de protection en tant que réfugiés politiques, alors qu’à leur arrivée en Europe, en particulier en France, ils ont ouvertement déclaré qu’ils étaient accusés en Turquie d’appartenance, d’aide et de soutien au PKK. Aujourd’hui la France « tape sur les Kurdes » avec leurs propres déclarations.

Plusieurs Kurdes ont été extradés de France vers la Turquie dont un jeune homme souffrant d’une maladie orpheline. Condamné à une peine de prison en Turquie pour propagande d’une organisation illégale, il croupit actuellement dans les geôles de l’État turc. En France, l’obligation de quitter le territoire français (ou OQTF) est une mesure administrative délivrée par la préfecture, et notamment en cas de refus ou de retrait d’un droit au séjour en France, ou en cas de séjour irrégulier. La décision fixe le pays de destination et accorde ou non un délai de départ volontaire. La Cour d’appel française vient d’annuler l’OQTF de Serhat Gultekin mais cette annulation ne sert pas à grand-chose puisqu’il est déjà aux mains de l’État turc ; en avril 2024, il avait été mis de force dans un avion en direction d’Istanbul, « sans attendre que la justice se soit prononcée sur la légalité de son renvoi », avaient dénoncé ses avocats. Atteint d’une maladie grave et menacé en tant qu’opposant politique dans son pays, il remplissait pourtant tous les critères pour obtenir l’asile en France.

Est-ce pour complaire au président turc Recep Tayyip Erdogan ? La Turquie présente l’extradition des Kurdes comme si c’était elle qui était venue les chercher en France. De cette façon, elle humilie la souveraineté et la suprématie de l’État et de la justice française.

Nous devons encore une fois rappeler aux pays européens, et tout particulièrement à la France où nous résidons, qu’il ne peut y avoir de jugements contradictoires. La France ne peut pas à la fois considérer comme des braves les Kurdes combattant pour l’avenir de l’humanité, luttant vaillamment pour sauver les valeurs de la France, celle des Lumières, et à la fois qualifier les mêmes de terroristes dès lors qu’ils luttent en légitime défense pour leur propre droit, pour eux-mêmes.

La question kurde attend une solution depuis un siècle. Un siècle pendant lequel d’innombrables pogroms, massacres, génocides ont été menés dans cette région d’abord envers les Arméniens et Assyro-Chaldéens mais aussi envers les enfants des terres kurdes à savoir les Yézidis, les Kurdes, les Alevis, les Sunnites.

Nous disons maintenant ça suffit, Edi bese, Basta.

Comme l’Occident français, le Moyen-Orient a besoin de stabilité et cela passe notamment sans contestation possible par la résolution de la question kurde qui reste centrale dans la région.

N° 695 – Octobre 2024 – planète PAIX
Berivan Firat